Passionné de surf, à 18 ans Wilco quitte son pays d’origine, les Pays-Bas, pour faire ses études en France et se rapprocher des meilleurs spots de surf. C’est une rencontre sur les bancs de l’école qui le mène à la marque emblématique Rip Curl, entreprise qu’il ne quittera plus jusqu’à en devenir son directeur général Europe en 2013.
Tu voulais faire quoi petit ?
Pilote de chasse ! Mais je n’ai pas réussi les sélections… Vu que je surfais depuis mes 13 ans, j’ai choisi de partir faire mes études à l’EBP de Bordeaux, une école de commerce internationale. Je ne parlais pas français mais je me suis dit que ça avait l’air pas mal, c’était plus près de la côte et les vagues étaient de meilleure qualité qu’aux Pays-Bas.
Ta rencontre avec Rip Curl ?
Par hasard. J’avais une amie dans ma promo qui vivait à Hossegor, elle est devenue mon épouse. Je lui ai demandé si elle connaissait quelqu’un chez Rip Curl et c’est comme ça que j’ai réalisé mon premier stage en 1997. C’était un stage polyvalent, je faisais un peu de tout.
Qu’as-tu fait après tes études ?
Une fois diplômé, j’ai voyagé pendant un petit moment. Lors d’un séjour à Bali, je suis tombé sur le Directeur Commercial de Rip Curl qui m’a dit qu’il y avait un poste à pourvoir au marketing en Europe. De retour en France, j’ai passé un entretien et ils m’ont embauché. Je me suis occupé du trade marketing et du marketing produit pendant 3 ans.
« Tout est une question de hasard, de rencontres et de choix… »
Et la suite, ça s’est fait comment ?
J’ai ensuite pris le poste de Chef de Produit chaussure junior aux côtés de Jean Grandy. Il m’a tout appris, c’est en partie grâce à lui que je suis là aujourd’hui, c’est un peu mon gourou. A son départ aux Etats-Unis, j’ai évolué comme Chef de Produit chaussure Europe pendant 2 ans et demi puis j’ai pris la combinaison en plus pendant 3 ans.
Ensuite, j’ai pris la direction de la Core Division, c’est-à-dire le développement de tous les produits techniques (lunettes, montres, combinaisons, boards, bagagerie et chaussures) et la direction commerciale spécialisée Core (surfshops).
Et là, ça va faire plus de 2 ans que les fondateurs de Rip Curl m’ont proposé le poste de Directeur Général Europe. Tout est une question de hasard, de rencontres et de choix…
Aujourd’hui, quel est ton quotidien ?
Je passe 2 à 3 semaines par mois au siège Europe. J’arrive entre 8 et 9h après avoir déposé mes enfants à l’école ou surfé s’il y a des vagues. En général, je fais 2 réunions par jour, l’idéal c’est de ne pas en mettre trop et ensuite je tourne dans les services. Selon la période de l’année je peux passer plus de temps au développement produit ou au marketing. En général mes journées se terminent vers 19h.
Le reste du temps je suis en déplacement sur le terrain et je fais 2 à 3 voyages par an en dehors de l’Europe. On se regroupe principalement en Australie, aux Etats-Unis et en Asie avec les autres dirigeants, ou dans des endroits sympas où il y a du surf.
Quelles relations entretiens-tu avec tes équipes ?
Je suis un tyran ! (rires) Non, je pense qu’il est important d’avoir un objectif clair et d’être transparent et honnête dans les relations avec ses équipes. Il faut fêter les victoires ensemble et trouver des solutions pendant les périodes difficiles. Le crew est ce que Rip Curl a de plus cher.
Avec la restructuration, on a enlevé des couches de management, ce qui permet aux gens de ne pas être que dans la stratégie mais aussi dans l’exécutif. Il faut laisser la place à l’entreprenariat. Une idée peut arriver de n’importe où et peut se transformer en succès.
Qu’est-ce que tu mets en place pour fédérer ton équipe ?
Il faut comprendre une chose ici, ce n’est pas que nos horaires sont flexibles mais quand il y a des vagues, je laisse la possibilité aux employés d’aller surfer tant que le travail est fait. L’été, ceux qui le souhaitent peuvent prendre des cours de surf gratuitement.
Et une fois dans l’année, on organise un tirage au sort dans toute l’entreprise pour faire gagner un surf trip de 15 jours et donner l’opportunité aux employés de vivre leur Search.*
* The Search : c’est la philosophie de Rip Curl depuis sa création. Il s’agit d’un rêve, de découvertes et d’efforts fournis dans l’exploration de spots vierges à travers des voyages.
Qu’est-ce qui te nourrit au quotidien ?
Bah là aujourd’hui, un sandwich pas très bon… (rires)
Ce qui me nourrit au quotidien c’est la passion des gens, la passion que je vois dans les yeux des gens qui travaillent chez Rip Curl et la passion que j’ai pour le surf et pour Rip Curl. C’est ça mon moteur.
« On peut apprendre plein de choses mais on ne peut pas apprendre la passion. »
Quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui veut travailler chez Rip Curl ?
De suivre sa passion. Je crois que c’est Shaun Tomson qui disait ça : « quand on a le choix entre quelqu’un qui a un très bon CV et qui ne surfe pas, et quelqu’un qui est passionné et qui a peut-être moins d’expériences, il vaut mieux prendre la personne qui surfe ». On peut apprendre pleins de choses mais on ne peut pas apprendre la passion.
Et peut-on travailler chez Rip Curl si on n’est pas surfeur ?
Oui, bien sûr. Le plus important après la passion est l’ouverture d’esprit et de pouvoir s’adapter.
Pour toi, quelle place occupe EuroSIMA dans l’industrie des Action Sports ?
Dans un premier temps, il est important pour nous marques d’être fédérées pour être considérées comme une filière.
Il est également primordial de soutenir les petites marques qui montent et qui sont l’avenir de notre industrie.
J’ai aussi envie de participer à des projets tels que la création de vagues artificielles pour emmener le surf hors des côtes. Le surf sur une vague artificielle n’est pas le même surf qu’en milieu naturel mais il s’agit d’un excellent moyen d’accès à la pratique et de perfectionnement. C’est également un marché potentiel pour nous qui n’est pas dépendant des saisons pour le coup.
Où est-ce que tu te vois dans 10 ans ?
Je me vois bien sur un bateau ou sur une île déserte ou en train de surfer quelque part. (rires)
Plus sérieusement, je n’ai pas de vision personnelle à 10 ans. Je n’ai jamais eu un plan de carrière. Il faut être efficace dans son travail pour pouvoir profiter de la vie.
Et Rip Curl dans tout ça ?
Dans 10 ans, tout le monde portera des combis Rip Curl. Je suis né chez Rip Curl, j’ai grandi chez Rip Curl et je compte encore faire un bon bout de chemin chez Rip Curl.
DEEP INSIDE…
– Rip Curl –
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Interview : Stéphanie Godin et Adeline Bettinger
Photos : Adeline Bettinger