Sa passion pour le kitesurf est née à Hawaii alors qu’un surfeur se faisait tracter par un cerf-volant. Une révélation pour Martial Camblong qui croit au développement de cette pratique et n’aura de cesse de la rendre accessible au plus grand nombre. En 2005, il concrétise son rêve en créant avec un ami la marque de kitesurf GENETRIX. Un pari réussi puisque leurs innovations sont reprises par les plus grands du secteur.
Martial, où as-tu grandi ?
Ma famille est originaire du Pays Basque, mais j’ai beaucoup bougé étant jeune par rapport à la profession de mon père.
Comment as-tu découvert le kite ?
J’avais entendu qu’à Hawaii des surfeurs se faisaient tracter par des cerfs volants, j’ai trouvé ça incroyable et j’ai donc décidé en 1996 d’aller les rencontrer. Pour moi, ça été une véritable révélation et cela à changé ma vie.
« Nous avons eu la chance de vivre une période incroyable et excitante car nous n’étions qu’une poignée dans le monde à croire en cette nouvelle discipline. »
Quel a été ton parcours avant GENETRIX ?
J’ai une formation technique en dessin industriel.
Lorsque le kitesurf est né tout était à faire. Les débuts ont été fantastiques, nous avons eu la chance de vivre une période incroyable et excitante car nous n’étions qu’une poignée dans le monde à croire en cette nouvelle discipline. Un groupe à Hawaii, un autre sur Montpellier et Leucate, et un autre en Nouvelle Zélande.
Au départ il n’y avait pas d’enjeux économiques donc nous partagions nos innovations, nos idées puis est venu le temps de l’industrialisation et là les choses ont très vite changé.
Qu’est-ce qui t’a poussé à lancer ta marque GENETRIX ?
Au tout début de l’industrialisation du kite j’ai travaillé pour les premières marques de kitesurf.
J’ai toujours voulu créer ma propre marque qui corresponde à mon état d’esprit basé sur la performance, l’innovation et la qualité et c’est ce que j’ai fait en 2005.
« Pour se différencier face à la concurrence il y a deux facteurs essentiels, le marketing et […] et l’innovation. C’est sur cet aspect-là que je me suis toujours concentré. »
Comment une petite marque de kite peut-elle faire sa place face aux poids lourds internationaux ?
C’est extrêmement difficile pour les petites marques car même les grandes marques souffrent aujourd’hui.
Pour se différencier face à la concurrence, il y a deux facteurs essentiels, le marketing et la communication (très couteux et donc réservé aux gros), et l’innovation. C’est sur cet aspect-là que je me suis toujours concentré.
Miser sur l’innovation est donc primordial pour toi ?
L’innovation fait partie intégrante de ma vision et par conséquent de l’ADN de GENETRIX. En 1998, avec mon ami Eric Sauré, au fond d’un garage nous avons développé la toute première « barre choqué bordé 4 lignes ». Ce système a ensuite été repris par toute l’industrie du kite et malheureusement nous ne l’avions pas protégé.
Une erreur de jeunesse qui ne t’a pas empêché de continuer à innover ?
Bien sûr que non, l’année d’après, nous avons conçu la première aile plate de type « BOW » qui fut reprise en 2005 par les majors de l’industrie du kite.
J’ai développé ensuite l’aile HYDRA qui a fait tomber la fameuse barre mythique des 50 et 55 nœuds (mur du son de la vitesse à la voile toute catégorie confondue).
C’est donc naturellement que j’ai décidé avec mon équipe, il y a 5 ans, de m’investir à 100% sur la barre de kite du futur.
« La barre ABS kitesurfing est une véritable révolution technique. Tous ceux qui l’ont testé s’accordent à dire que notre système va devenir un standard incontournable pour tous les pratiquants de kite. »
C’est cette fameuse barre de kite qui t’a permis de remporter en 2018 l’Appel à Projets Innovation organisé par EUROSIMA et OSV. Peux-tu nous expliquer en quoi consiste ton innovation ?
La barre ABS kitesurfing « Automatic Bar System » est une véritable révolution technique. Par une simple pression d’un doigt sur un bouton poussoir, l’utilisateur peut ajouter ou enlever de la puissance à son aile de façon instantanée et particulièrement précise. Elle apporte une sécurité, un confort et une fonctionnalité encore jamais atteints. Tous ceux qui l’ont testé s’accordent à dire que notre système va devenir, à terme, un standard incontournable pour tous les pratiquants de kite.
Pourquoi as-tu choisi de t’implanter dans le Sud-Ouest ?
Une partie de mes racines est au Pays Basque et c’est donc naturellement que je suis revenu aux sources. De plus l’industrie de la glisse dans le Sud-Ouest est parfaitement reconnue.
Lorsque que j’ai décidé de m’installer à Bidart de nombreux acteurs importants m’ont soutenu : Herrikoa, la technopole Izarbel, l’Agglo Sud Pays Basque, la Ocean Tech et EUROSIMA.
Je crois très sincèrement que c’est une chance incroyable pour une petite société comme la nôtre de faire partie de cet écosystème.
« Ma plus grande fierté est de n’avoir rien lâché malgré les très nombreux obstacles et les critiques. »
Quelle est ta plus grande fierté ?
Personnellement et en tout premier lieu, mes enfants.
Mon fils, Tommy-Lee, 17 ans, nage au plus haut niveau et a représenté en octobre dernier la France au Jeux Olympique de la jeunesse à Buenos Aires. Il fait beaucoup de sacrifices, il se lève tous les matins à 5h pour un premier entrainement, ensuite il va en cours jusqu’à 15H30 puis de nouveau entrainement de 16H00 à 19H00. Il vise cette année une qualification aux Championnats du Monde et aux jeux de Tokyo. En parallèle, il intégrera une université aux Etats-Unis pour devenir biologiste marin.
Son petit frère suit ses traces mais il est plus attiré vers les sports de glisses.
Pour moi, c’est une immense fierté de voir mes enfants s’épanouir dans le domaine qu’ils ont choisi et de le faire bien et à fond !
C’est en tout cas le message que j’essaie toujours de leur faire passer : « avoir des rêves et tout faire pour les réaliser ».
Et professionnellement, de n’avoir jamais rien lâché malgré les très nombreux obstacles et les critiques.
Comment se porte le marché du kite aujourd’hui ?
Le marché du kite est aujourd’hui arrivé à maturité, sa progression reste constante d’année en année due à son accessibilité, son faible encombrement en voyage et les sensations que procure ce sport sur l’eau, la neige ou sur terre.
Ces dernières années, les boards ont bien évolué et le foil contre toute attente s’est largement développé en démontrant notamment son potentiel en light wind.
Le marché est tenu par 2 gros majors puis une quarantaine de marques qui se partagent le reste du secteur.
Comment imagines-tu le développement du kitesurf ?
Je crois beaucoup au kite boat de petite taille, type Hobbie 4. Les sensations sont partagées par un équipage, ce qui change considérablement l’approche. C’est tout simplement génial car on peut embarquer à bord des personnes totalement novices en kite et partager des moments extraordinaires.
De nouveaux projets à venir ?
Nous travaillons sur des projets d’énergies renouvelables à l’aide de kite de très grande taille pour la production d’électricité.
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Interview : Stéphanie Godin
Photos : Génétrix